Sarah Yvon

Division de Brest du centre historique des archives 

SHD

LE THÉÂTRE DE L'UNIVERS

À chaque nouvelle édition de son atlas, Ortelius -Abraham Ortell de son vrai nom- propose des mises à jour donnant un aperçu précis du monde tel qu’on ne cesse de le découvrir tout en conservant ses bestiaires fabuleux, ses îles légendaires. Ainsi, la carte d’Islande regorge de monstres marins. Le « Staukul » (sous la lettre M) aurait « été vu se tenant toute une journée dressé sur sa queue ». Pour le « Nahval » (lettre A), il est indiqué que « quiconque mangera de sa chair mourra immédiatement ». L’île de Saint-Brendan, au large de la côte ouest de l’Irlande, fait écho à la fameuse légende d’une île fantôme : le moine Brendan aurait parcouru les mers pendant sept ans pour trouver une île assimilée au Paradis. Quand au « Royaume du prêtre Jean », nom donné au continent africain : on superpose ici une contrée imaginaire à un territoire réel. Nous sommes à la frontière du monde médiéval, du symbolique, et d’une nouvelle ère scientifique.

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​LE THÉÂTRE DE L'UNIVERS

Le Theatrum d’Ortell commence avec une allégorie des quatre continents sur sa page de titre : l’Europe puissante , couronnée, dominante, tient un sceptre d’impératrice et semble tenir le gouvernail du monde. Au-dessous d’elle l’Asie, tout aussi élégante et richement vêtue de soie, semble presque l’égale de l’Europe, peut-être pour des raisons commerciales. L’Afrique, en revanche, est quasi nue. Il s’en dégage une impression de pauvreté, un écart évident entre les valeurs européennes et africaines. Au pied de la composition, les nouveaux mondes : l’Amérique, nue et tenant une tête qui peut évoquer le cannibalisme. Sa cheville est parée d’un bracelet plutôt clinquant. Près d’elle, un buste, représentant peut-être les Terres australes restant en grande partie à découvrir.

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