Jean-François Dubos
Département de la bibliothèque
SHD Vincennes
LIVRE D'OR DU 79ème RI
Un important travail de recension a été mené dans les années 1920 et 1930 pour recenser les noms de tous les soldats de l’unité morts pour la France. Près de 6 000 noms ont été répertoriés !
Sachant qu’un régiment d’infanterie, unité de base de l’armée française en 1914, compte environ 3 000 hommes, l’unité a été totalement anéantie par deux fois, et sans cesse reconstituée par l’affectation de nouvelles recrues…
Le soin du détail des informations collectées et ordonnées dans l’ouvrage en font un outil précieux pour une étude prosopographique : pour chaque combattant est indiqué, outre ses noms et prénoms, son grade, sa date de décès et la bataille à laquelle il a participé.
Le 79 e RI ayant participé à toute la guerre, un travail statistique pourrait être mené au vu de ces informations. A quelle date a-t- il connu le plus de pertes ? A quelle bataille ? Selon quelle répartition par grade ?
Autant de questions dont les réponses contribueraient à donner chair aux journaux de marches et opérations, bien plus laconiques. Derrière un passé collectif se dessinent 6 000 destins individuels, que la minutie du travail des rédacteurs de l’ouvrage permettrait de mettre au jour.
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LIVRE D'OR DU 79ème RI
Si de nombreuses reliures ornées peuvent présenter des éléments métalliques dans leur décor, les reliures entièrement métalliques sont en revanche beaucoup plus rares. Celle-ci, entièrement en argent gravé, est à ce titre exceptionnelle. Plats, dos, mors : toute la couvrure est en métal. Elle présente un superbe décor art déco, tout à fait caractéristique de la période de sa réalisation (1937), sans inscription sur les plats.
Le plat supérieur, où le soleil rayonnant de la victoire se lève sur un champ de croix, évoque fortement le roman de Roland Dorgelès, Les Croix de bois. Le plat inférieur, très sobre, porte en son centre les armes de la ville de Nancy, où le 79e RI était caserné en 1914. Le dos de l’ouvrage est d’une esthétique très réussie et équilibrée. Composé d’une superposition de bandes de largeur dégressive, qui rappelle fortement l’architecture civile des années 30, il porte en tête une pièce triangulaire évoquant un fronton où figure la mention « A nos morts », et en queue un cartouche rectangulaire rappelant le numéro du régiment et de ses unités dérivées.
A rebours de l’emphase esthétique des décennies précédentes, cette reliure témoigne du goût des années de l’entre-deux-guerres pour les formes géométriques. Le froid de l’argent et la sobriété de la composition siéent parfaitement à un véritable cénotaphe de papier, destiné à rendre hommage à près de 6 000 combattants morts pour la France.
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